Note, notice, résumé destiné à rappeler le souvenir de quelque chose
jeudi 9 octobre 2008
Adagio, Albinoni
Depuis près d’un demi-siècle, le nom d’Albinoni est inséparable de “l’Adagio”.. Albinoni doit presque exclusivement sa réputation au fameux Adagio en sol mineur, dont la célébrité continue de masquer une production foisonnante, à peine explorée par les interprètes ; Albinoni doit sa gloire à l’une des plus étonnantes falsifications de l’histoire musicale puisque son prétendu Adagio… n’est jamais sorti de sa plume ! Les innombrables auditeurs de cette pièce pléthoriquement servie au programme des concerts et au catalogue discographique ignorent en effet pour la plupart que son auteur véritable n’est autre que Remo Giazotto, le premier biographe d’Albinoni, qui édita l’œuvre en 1958 sous le nom du compositeur. Bien que Giazotto ait toujours revendiqué pour cette composition une filiation albinonienne en affirmant l’avoir élaborée à partir du fragment authentique d’une partie de basse, la tentative de légitimation est pourtant demeurée vaine : le fragment en cause n’a en effet jamais été identifié et tous les spécialistes s’accordent pour reconnaître à l’œuvre éditée par Giazotto, un style parfaitement étranger à celui d’Albinoni…
Par un de ces paradoxes familiers de l’histoire musicale, l’imposture aura cependant merveilleusement servi la cause de ce grand musicien plongé dans l’oubli, sur lequel le succès du vrai faux pastiche aura permis de braquer enfin les projecteurs. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour qu’Albinoni retrouve la place qui lui revient dans l’histoire musicale : entre l’ombre imposante de son grand contemporain Vivaldi et celle, encombrante, de son faux adagio, le Vénitien méconnu attend encore l’heure de sa véritable réhabilitation.